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Chemin du dernier vivant (Jean-Michel AUBEVERT)

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Extrait 

Ce temps ne commença pas.
Il précédait nos pas comme la saison anticipe la saison, revient sur elle-même dans une course ininterrompue. Les arbres le savent, qui rapatrient leur sève au téton des feuilles noircies. Je ne réponds pas de la sève car elle répond de moi.

Quelle voie sur la carte, sur le plan que j'ausculte, froisse et déplie au liseré du réel, où je m'invente des parcours faussement prédictifs, car la route est un faux chemin où nous aveuglons nos sens, quelle voie pouvait mener à cet arbre des temps où les fougères galopaient le printemps, quelle passerelle emprunter par où renouveler l'éternité de l'enfance, quand les mains nouent les coeurs avant même que les coeurs ne s'habillent de sexe et ne se voilent de raison ?

Si la mort est paronyme de l'amour, c'est que veille la tour dont l'enchanteur maintient l'horizon pour lignes de nos mains. Les sentiers n'ont pas de fin, qui nous ramènent au présent éternel de notre présence. Ils sont parcourus d'une nuée de fuseaux horaires où perdure des amants l'intem-porelle fugue, tandis que vire autour d'eux, autour de deux, l'ombre des arbres où ils s'appuient, tantôt sous le soleil, crayonnée de pluie, martelée de lune ou transfigurée d'étoiles, celle à jamais où leur tendresse est née.

Titre : CHEMIN DU DERNIER VIVANT
Auteur : Jean-Michel AUBEVERT
Préface : Béatrice LIBERT
Illustrations : Joëlle AUBEVERT
Format : 20 cm / 14 cm
76 pages dont 5 illustrations couleur sur papier Canson 160 gr et un plan
ISBN : 2-9600539-6-6
Prix TTC : 12 €
Date de parution : juin 2006
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« Mettre ses pas dans les mots d’un poète, c’est possible avec Aubevert. « Chemin du dernier vivant », offre la particularité d’un « Hors texte, quelques notes à l’intention des amateurs de géographie locale. ». Suivent de brèves considérations sur telle voie ferrée désaffectée, le tracé des allées, le cercle des tilleuls, lieu-dit ou bois. Une carte incite le marcheur à relier poème et lieu, en une géopoésie vivifiante. Le livre se glisse en poche et l’on pourrait prévoir, dans une seconde édition, une page pour les notes de l’évasion. Les photographies de Joëlle Aubevert, aux verts très étudiés, rythment le récit, sorte de poème en prose, fantastique ou surréaliste, le lecteur hésitera. L’incipit est destiné à l’égarer d’emblée : « Le rêveur s’avère rêvé par les lieux mêmes qui charpentent le songe où son esprit dénoue les sollicitudes de la mémoire. »  Qu’est-ce qui importe, en somme ? Le réel traversé en tant que réel ou la force onirique qui sourd de ses anfractuosités ? Réminiscences, dit l’auteur, qui se ressouvient comme d’une enfance champêtre. L’âme détachée du corps s’en va vagabonder d’abondance. Le pays est une île à qui sait voyager. Collecte d’impressions, de moments, de pauses où bat « Le chant du monde » de ce cher Giono. Les dieux sont partout, et c’est tant mieux ! La langue est un volubilis. « La maison au bout du chemin asseyait son banc, blottissait sa lampe. » « Toute pente a ses voies qu’illustre sa flore et l’adret consent à l’ubac comme la fleur descend dans le fruit. Une plante verte est un grimoire à la fenêtre. Qu’on caresse la lampe, le génie fait danser la poussière dans le souvenir dormant. » Ne dirait-on pas entendre quelque sage ? Bref, « Chemin du dernier vivant » est un livre où se perdre, dédale ou labyrinthe selon l’issue choisie. Et tandis que « l’eau court sous la vague », le poème d’Aubevert s’amarre en nous, parfait notre état d’apesanteur qui, paradoxalement, nous maintient davantage au monde. Ah ! Le beau livre ! » (Béatrice Libert, note de lecture parue dans la Revue Source de la Maison de la Poésie de Namur)
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