Impressions voyageuses (Emmanuelle MENARD)
« Tous les dieux pourront bien mourir, la vie restera mon idole ! » ; cette phrase n’est pas de moi, elle vient des oiseaux. Tant que le vent fait chuchoter les feuilles, je respire, je m’enivre de banalité ; tant que je bois de l’eau, je me remplis d’absinthe, alcool pur de la source. Le cendrier a beau se remplir de mégots, il ne m’aura pas, il ne prendra rien de moi car « Je » a vécu, vit, et vivra sous la plume d’un autre, dans les vagissements d’un nouveau-né. Si seulement l’inquiétude pouvait disparaître… Cette rongeuse de cœur et de neurones qui ramène tout à votre nombril, vous carapate sous la coquille. |
Voyager comme un aller-retour, avec des faux-pas, sur des entrelignes sans jamais trouver la ligne… Le voyage est une carte polyphonique où nos voix s’entremêlent et dessinent des chemins, des lignes de l’âme, de cœur, de corps… Des lignes tracées à la mesure de l’être.
Le mot même est un voyage qui déborde d’humanité, une croisée de regards sur le monde qui regarde, un vide que l’on remplit sans jamais le remplir. Quête du bout du monde, quête d’un fond dévoilant d’autres fonds, quête de l’ailleurs qui est partout… Le voyage nous immunise contre la paresse, la docilité, le renoncement facile. Il est cette piqûre qui réveille la conscience et nous ouvre comme une porte vers où nous devons être, le lieu de cette présence à nous-même et aux autres. Il est tous les départs et le seul vrai retour aux origines, dans l’onde du mouvement. Relatant une pérégrination d'un an dans l'hémispère sud, ce voyage -non touristique- nous apporte l'air du grand large. |