Karmina Vltima (Philippe Pratx)
Titre : Karmina Vltima
Sous-titre : La vie anthologique et névrotique du dernier Mangbetu Auteur : Philippe PRATX Illustrations : Odona BERNARD Préface : Jean-Michel AUBEVERT Collection COUDRAIE Format : 14 x 20, 158 pages dont 3 illustrations couleur ISBN : 978-2-39052-022-1 Prix TTC : 20 € |
Si j'étais le héros d'un livre, juste avant d'y entrer je revêtirais un costume voyant, rouge ou jaune, ou bien je me fondrais dans la foule pour, un temps, y passer inaperçu ; je me serais fait forger par les dieux, comme dans l'Iliade, une âme bien trempée, ou à défaut un de ces esprits pittoresques jusque dans leur insignifiance ou leur pusillanimité ; j'aurais dans des tonneaux de plomb des réserves confortables de morceaux choisis, de corps interchangeables, d'entourages, de situations, de maîtresses, de souvenirs à faire pâlir les griots, de paroles en l'air... |
L’enfer vert des colons fut le giron vivace des oralités, d’une foison de vies tenaces. Au « savoir-vivre » du Blanc, à sa courtisanerie, s’oppose la légitimité du natif et c’est encore au défi de la mort que l’on sursaute à se sentir vivant sous la cape du magicien. On touche par l’écriture à des rivages où se transcendent les naufrages sur des fonds océaniques, à des déferlements dont la phrase longue répercute la vague. C’est d’un « cerveau travaillé par le rêve » que l’auteur prétend nous ouvrir les sésames comme d’un Pierrot à l’âme lunatique, pétrie d’ancêtres non moins neptuniens.
Enfin, des multiples enfances qu’il s’octroie, au terme d’un livre habité, tantôt hanté, il renaît de sa maison et de sa lignée en conteur, lui-même mythique. Il se veut à la fois, de par ses ancêtres et son inscription dans l’humanité, transgénérationnel, cosmopolite et cosmique. Plus que tout, l’auteur semble appréhender le racornissement des vies confinées. Au terme de l’ouvrage, comme à la conclusion d’un éternel retour, se rouvre la forêt native, tout à la fois demeure livresque et expression d’une vie intérieure renouvelée. « C’est donc dans la forêt que j’ai décidé de construire ma maison, vaste tronc creux, et mon jardin ». Point de fin sinon l’éternel retour dans l’ouvert : « Ayant fait mien ce dernier poème : Ma maison quand même cernée du cri des cigales est restée ouverte » (Extraits de la préface de Jean-Michel Aubevert) |