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Le Lac du Bois de la Cambre ( Anne-Michèle HAMESSE )

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Titre : Le Lac du Bois de la Cambre
Auteure : Anne-Michèle Hamesse

Préface : Pierre Morlet
Illustration de couverture :
huile sur bois par Anne-Michèle Hamesse

Genre littéraire : roman

Format : 14 cm x 20 cm
              105 pages

ISBN : 978-2-39052-007-8
Prix : 18 €



Disponible le 4 mars 2020



JULIUS
La rencontre de ce matin, dans le sentier de terre qui longe le lac, alors que le miroitement tremble sous le ciel blanc et qu’une nouvelle journée se profile, la rencontre de ce matin, Tristia ne peut l’oublier. Elle a croisé son oncle, mort l’année dernière, il s ‘appelait Julius et c’était le plus gentil de la famille de Tristia.
Quand elle l’a vu courir vers elle au milieu du sentier elle a bien compris qu’il avait changé, ce n’était plus le Julius d’avant, celui de son ancienne vie, le jeune homme attentif et joyeux qui venait la chercher à l’école tous les samedis, dans cette vie-là Tristia se souvient d’un garçon affable et soucieux des autres, et là, avec un air courroucé, un air vieux, que Tristia ne lui connaissait pas, il semblait tout à coup libéré de lui-même, peut être n’aimait il pas ce garçon d’alors, qu’il se devait de trimballer comme un costume qui ne vous va pas mais qu’on doit porter pour plaire aux autres, quitte à leur mentir.
D’emblée il lui lança : Tu n’as pas honte ?
Et du coup elle eut honte sans bien savoir ce que Julius lui reprochait. Mais il y a toujours moyen de trouver de bonnes raisons d’avoir honte et Tristia n’a aucun mal à en trouver.
Julius continuait à parler sans se demander si Tristia l’écoutait il alignait des phrases sans suite, et que Tristia comprenait mal.
Et Tristia vit le visage de son oncle se fermer, comme rapetissé quand il lui avoua :
J’ai peur, je suis foutu.
Et aussi : Je suis mal ici.
Il y a des types qui portent des numéros, ils sont partout, ils me poursuivent.
Et puis craintif il la supplia de l’emmener rejoindre sa mère, la grand-mère de Tristia.
Il précisa qu’il croyait en Dieu et aussi qu’il avait été épris d’une femme dont il épela le nom et dont Tristia n’avait jamais entendu parler.
Il déversa tout cela devant elle. Il avait besoin de jeter ses paroles, sans souci d’être entendu, sans demander de réponse. Comme on vomit des mots.
Et puis on se détourne, on laisse les déchets sur place et on poursuit son chemin.
Tristia vit son oncle, cet inconnu, reprendre son baluchon de souvenirs, de désirs et d’amertume et repartir d’un pas mal assuré vers le lac sans un regard pour elle.
Des heures après, elle eut l’attention attirée par un homme qui nageait dans le lac, personne ne lui prêtait attention, il nageait vite et bien, pressé de gagner les rives de l’île Robinson.
Tristia prit ses jumelles, les ajusta et en les promenant tout au long des rives d’en face, elle remarqua une grande et forte dame vêtue d’une longue jupe brillante qui se tenait de l’autre côté du lac, là où les barques accostent, l’endroit où débarquent ceux qui veulent atteindre l’île.
Tristia vit que le nageur se dirigeait cers la dame, ce n’est qu’au moment où il atteignit le rivage qu’elle la reconnut, c’était sa grand-mère paternelle, Palmyre, celle qui n’aimait que les chats, se tenant là, droite, enchapeautée de feutre orange, attendant les bras grand ouverts d’accueillir son fils, l’oncle Julius. Lui nageait de plus ne plus vite se hâtant de rejoindre sa mère, enfin retrouvée.
Tristia remit ses jumelles en poche et poursuivit sa route, contente de les voir réunis, elle n’avait désormais plus à s’en préoccuper.
Le Lac.
Ce n’est pas le lieu, demeuré familier, des souvenirs enchantés ou mélancoliques d’enfance et de jeunesse.
Sous ses eaux parfois scintillantes, parfois glauques, se dissimule l’Autre Monde.

Monde d’une mémoire multiple ou s’entremêlent plusieurs vies, successives ou parallèles, réelles ou rêvées.
Monde des visions issues du tréfonds d’une conscience qui est celle de l’auteur, mais aussi de notre conscience à tous – mythes et images qui proviennent de la nuit des temps: le Roi Pêcheur des romans du Graal, la Maîtresse des Fauves, une surprenante Antigone, violente et étrangement sexuée.

Mais le Lac n’est pas que cela.

Anne-Michèle Hamesse dépeint – non, elle vit et nous fait vivre – une errance qu’une réminiscence inattendue méta-morphose en quête.
Cette quête aboutit à une réintégration des visions éparses et mystérieuses dont l’héroïne fut le jouet. Elles se chargent de sens; l’Autre Monde et le monde d’ici ne font plus qu’un.

Tristia, la Dame du Lac, verra renaître en elle cette certitude fugitive qu’elle croyait évanouie à jamais: une lumière absolue, éclairant un Tout harmonieux et serein.

                         Préface de Pierre Morlet



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