Selon le fleuve et la lumière (Philippe LEUCKX)

Extraits : 
"On irait vers le soir
avec un souffle de vent
sur l'épaule
une rue à portée de la bouche
l'escale soudaine
d'un escalier
pour étouffer
la soif
on irait
dans la nuit
soulever quelque île
sombre
et verser
en une virée superbe
nos plus belles années
Combien d'enfances
laissées dans leurs hautes
herbes
alors que le ciel
lançait au vent
des appels sans nom
aujourd'hui
nos mains
rameutent les plus
petites mottes
comme d'incertains
trésors
comme d'infinies
présences
nous courons
avec des paniers
troués
nous appelons
d'une voix sans voix
derrière un mur
sans bruit »
J'ai traversé le temps
les persiennes
le blanc du seringa
son parfum
le voyage
à l'envers
vers les visages
aimés
je n'avais pas assez
de mes mains
pour tout retenir
ni de mes yeux
ni de mon cœur
les arbres mangeaient
les lumières
les pas
se décousaient
la chambre avait pris
l'espace pour la langue
de l'ombre
souveraine souterraine"

"De quelle aube
sommes-nous
si la nuit nous éveille
si le jour appareille
aux dernières fenêtres
comme un aveugle immense
qui se passerait de ciel
pour vivre au-dedans?"
Titre : Selon le fleuve et la lumière
Auteur : Philippe Leuckx
Illustration : Thomas Déjeammes
Collection : Le Coudrier
Format : 14 x 20,5 cm
126 pages dont 5 illustrations couleur sur papier Canson 160 gr
Prix TTC : 14 euros
ISBN : 978-2-930498-17-1


Le poète va son pas au fil des mots qui sont fleuve et lumière, en capte les images au petit bonheur de ses trajectoires.
La ville est son trésor qu'il interroge, une traversée dont il effeuille la brièveté au creuset du quotidien qu'avive sa sensibilité. Il ne va pas seulement : il vit en poésie, rêvant un itinéraire d'images dans le déplacement qu'il opère, cette translation à travers laquelle il sentimentalise le quotidien, ainsi qu'une brume laisse à deviner à travers elle plus que la vue qu'elle dérobe, que la ville suggère une épaisseur humaine plus dense que ses murs.
Si le philosophe Jacques Sojcher a pu dire du poète Guy Goffette qu'il avait élaboré une habitation poétique, Philippe Leuckx a conduit une déambulation poétique, dans les pas de laquelle il ne tient qu'à nous d'avancer les nôtres.

(Extrait de la préface de Jean-Michel Aubevert)