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Tout cœur amoureux est révolutionnaire (Jean-Michel AUBEVERT)

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Titre :
      Tout cœur amoureux est  révolutionnaire
Auteur : Jean-Michel AUBEVERT
Illustrateur : Philippe LEMAIRE

Format : 14 cm / 20 cm
93 pages

Genre littéraire : prose poétique

Prix TTC : 16 €
ISBN : 978-2-930498-86-7

Parution : Février 2018

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Vendémiaire, an 424
Bretagne rase campagne : au pic des caps, l'arbre a perdu pied. Il a rendu les armes, ras la bruyère violette et ras l'ajonc, à l'éclat un peu sale. Le chêne a courbé l'échine, laissé le terrain aux épines. Terre extrême, Finistère sous les vents rugissants, entrecoupée par les vallées noyées, comme aux appels d'une Ys, j'épelle vos combes à l'étiage d'une tombe.
Au reflux de la mer, d'aventure, des vestiges ressurgissent d'un temps si révolu que j'en conçois le vertige. Tant de bateaux se sont échoués. Leur cage thoracique repose dans l'eau.
Pays d'Armor, je vous sais terre des morts au cap des naufrageurs. Sur la mémoire de leurs feux, semble veiller un phare, épaulé par un contrefort de rochers, tandis que sur le plateau pelé, la cuscute parasite ébouriffe la lande d'une rousseur insolite. On dit qu'elle a tôt fait de couvrir un site et de le dépayser, si vite qu'on croirait un tour de magie.
Bretagne coupe rase des arbres sous la tempête, aux feux follets dont le vent ranime la brande, sous le remembrement qui, tel un agent Orange, un défoliant, balaya les haies, repoussant les voies de l'étrange au maquis des halliers. Ultime coupe-vent, un paraphe de chèvrefeuilles sépare le jardin du champ voisin.
Traquant la ronce des mûriers, les glands de chêne, il me semble repousser du jardin domestiqué la nostalgie envahissante des sauvageries, le geai et le sanglier qui nu, se vit cochon. Moi qui me prétendais coureur des bois, annonciateur des ménades sur des pistes nomades, j'hérite d'un improbable pré à vache pour terre arable.
Je me vois logé au rang de sédentaire, habitant d'un rêve arrêté, Merlin dans la maison de verre de sa légende, cultivant ses songes pour rançon de ses changes. Faut-il, pour qu'en fleurisse le nom, consentir aux roses le sacrifice d'un sang que la ronce prélève de force? Je m'égratigne à tourner autour, sans doute indigne de leurs atours. La cétoine dorée, qui leur est dédiée, les dévore de baisers. Dois-je les en épouiller, ou en est-ce la dernière touche comme d'un supplément d'âme, le camée idoine?
J'émargeais jadis, obsolète poète, à l'ordre des arbres et des bêtes auxquelles leur robe suffit de peau. Aussi je me sentais dépourvu de ne plus aller nu, consigné au rebut d'une fière tribu. J'empruntais à l'adamite sa bure; mon corps identifiait mon humanité, sans qu'aucune pudeur ne puisse me la contester.
Le verbe m'habillait de son tissu.


Cri d’amour, de révolte, de séparation, l’auteur célèbre en ces pages la diversité du vivant, comme incarnation de l’autre dans toute son altérité.

S’il emprunte le chemin des légendes, c’est pour mieux découvrir l’étrangeté du réel. Aussi nous fait-il l’éloge de l’anomalie et du pas de côté. Il se désole que la Bretagne, non celle des côtes, mais de l’intérieur, ait perdu par le sens du commerce celui de la quête qui a le cheminement pour vocation.

Aux créatures nimbées d’une chair rêveuse, il prête une nature épique. Il s’en réclame, célèbre les prodiges de la vie, les prouesses de l’instinct, à l’encontre d’un Dieu qui les renie dans l’homme.

Rien d’étonnant, dès lors, que l’ouvrage se décline en un calendrier républicain saisonnier et poétique, celui de Fabre d’Eglantine. La rose dite « des chiens », il en revendique la puissance vitale et la sauvagerie, à tout nonce préfère le naturel des ronces. Il ne veut pas qu’on soumette, seulement qu’on apprivoise en s’apprivoisant.

Il est dans l’eau qui dort le songe d’un nageur, le souffle d’une pensée. Captif, c’est d’un coeur révolté qu’en lui s’éveille le sentiment amoureux, le désir terrestre d’être heureux, et c’est de l’âme des herbes, du vent et des nuées que son coeur est plein.

Il tague ses vagues à l’âme sur tous les murs qui cloisonnent la vie, qui s’érigent en empêchements.

Oui, vivre, libre par dessus-tout de vivre, il l’imprime à toute enseigne, pierre, bois, béton. Ce sont là les mouvements de l’âme, qui, rêvant, trouve à s’incarner dans le mythe aussi bien que dans les rites qu’opèrent les corps.

Il aurait pu écrire que toute chair est révolutionnaire par le mouvement même de vie qui la dresse contre l’inertie des astres.

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