Patrick DEVAUX
Après avoir lu "Elle est retrouvée ... Quoi ? L’éternité…", le jeune Patrick Devaux se dit que c’est cela la poésie et dévore l’œuvre d’Arthur Rimbaud.
Quelques poèmes de jeunesse amoureuse lui mettent le pied à l’étrier d’un moyen d’expression qui ne le quittera plus, aussi bien dans la joie que dans la douleur, sa poésie devenant réactive à des évènements personnels successifs, et ce depuis l’enfance où il dissimulait des petits poèmes dans les barreaux creux de son lit comme des bouteilles qu’on jette à la mer…
Il fréquente tout d’abord les Ateliers Poétiques de Rixensart où il rencontre la poétesse Kathleen Van Melle. Cette dernière lui fait connaitre la poésie de Gérard Prévot ; cette connivence suscitera un nouvel élan poétique et la rencontre de Paul Van Melle qui crée le GRIL où Patrick rencontrera de nombreux poètes de tous horizons, se familiarisant à diverses et nombreuses plumes de toutes générations. Paul Van Melle l’éditera pour la première fois en 1988 avec "le sourire du héron", un recueil de poésies… L’aventure éditoriale commençait…
Quelques poèmes de jeunesse amoureuse lui mettent le pied à l’étrier d’un moyen d’expression qui ne le quittera plus, aussi bien dans la joie que dans la douleur, sa poésie devenant réactive à des évènements personnels successifs, et ce depuis l’enfance où il dissimulait des petits poèmes dans les barreaux creux de son lit comme des bouteilles qu’on jette à la mer…
Il fréquente tout d’abord les Ateliers Poétiques de Rixensart où il rencontre la poétesse Kathleen Van Melle. Cette dernière lui fait connaitre la poésie de Gérard Prévot ; cette connivence suscitera un nouvel élan poétique et la rencontre de Paul Van Melle qui crée le GRIL où Patrick rencontrera de nombreux poètes de tous horizons, se familiarisant à diverses et nombreuses plumes de toutes générations. Paul Van Melle l’éditera pour la première fois en 1988 avec "le sourire du héron", un recueil de poésies… L’aventure éditoriale commençait…
Partage de la nuit et De Porcelaine : deux textes en résonnance
par Annie Préaux
Après avoir lu De Porcelaine de Patrick Devaux, éd. Le coudrier, 2018, je n’ai pas manqué de revenir sur le recueil de poèmes du même auteur, publié un an auparavant par le même éditeur : Partage de la nuit. Il m’est apparu évident que les deux livres se répondent, même si l’un raconte une « histoire » âpre, évoquant le vécu atroce d’un gamin violenté, tandis que l’autre nous invite à partager une suite poétique délicate où le non-dit s’effiloche avec grâce sur le thème de la nuit.
La nuit, qui est omniprésente dans les deux textes.
Dans l’un, l’auteur nous parle de l’enfant angoissé qui s’absorbe dans la contemplation d’une fenêtre éclairée, celle de la petite Francesca qui habite en face de chez lui avec sa famille joyeuse et aimante. Cela fait partie des « petits bonheurs suggérés, inaccessibles » de celui pour qui « quelques heures plus tard, en pleine nuit », ce sera « l’horreur », « les coups de pied, de poing, de tête, de bague » et le sang tombant sur la bouche d’une étrange poupée de porcelaine qui le voit « fleurir de bleus… haïr et avoir peur ».
Dans l’autre, le poète nous offre aussi une nuit en partage, celle dont le goût et la couleur « fleur de sel piquante sur la langue » donnent une impression d’amère douceur. Une nuit où les souvenirs, même s’ils ont gardé leur « lueur noire » sont « apprivoisés » et les « vibrants secrets « décollés du mur ». Une nuit que la fulgurante image d’un « rapace traverse comme un souvenir » : en référence à De porcelaine, on imagine sans peine les serres de ce souvenir, son bec et la proie déchirée.
Le thème de la nuit induit, paradoxalement ou non, celui du silence, qui est lui aussi partie prenante dans le récit et dans le recueil de poèmes.
De porcelaine commence par le départ en avion du narrateur qui se bouche les oreilles au moment du décollage, en proie à une « angoisse du bruit ». On apprend peu après la violence nocturne du beau-père, l’horreur et la douleur, hurlées par l’enfant qu’a été ce voyageur. Certes, tout cela engendrait jadis les coups d’un voisin contre le mur, mais rien de plus : mère, voisins, instituteur, tout le monde se taisait, y compris le gamin lui-même. « La poupée … mettait un doigt sur sa bouche. »
Partage de la nuit évoque un « silence dans l’écho du soir », qui « en appelle aux grands cris » : ceux de l’enfant ?... L’épure du poème ne le dira jamais franchement. Mais le texte nous parle d’un « oubli veillant sur les mémoires » car le petit garçon en « porcelaine », pour survivre et grandir, n’a-t-il pas dû enfouir le passé en lui, tout en préservant la trace ?
Pourtant, tout gamin qu’il était, il s’était trouvé des complices comme Francesca et sa famille, la bibliothécaire du mercredi ou Jules, SDF devenu gardien de parking. Il s’agissait avec ce dernier de « simplement parler. Être écouté. » Mais leur disait-il ce dont il souffrait vraiment ? Rien n’est moins sûr. Peut-on dire l’indicible ? « Les silences quasi mortels » sont les sceaux des secrets qui vous enfoncent dans « le désir de ne plus vivre, de ne plus être là ». Le poète, lui, nous parle d’un « stylo fantôme » qui « a capuchonné tous mes silences ».
L’enfant martyrisé priait la Vierge, « mais seul le Diable entrait ». Après la violence, venait « le silence… Enfin le silence… ». « J’étais du rêve qui se taisait » confie le narrateur – auteur ? – de De porcelaine. Son « stylo fantôme » écrivait pourtant des petits billets, des SOS, qu’il glissait dans les barreaux creux de son lit. Étaient-ce les premiers pas, balbutiants, dans la friche de sa résilience ?
Le poète du Partage de la nuit, a rêvé, quant à lui, de « partir au large de soi-même avec les oiseaux du matin ». Nous savons désormais que son stylo s’est décapuchonné.
La nuit, qui est omniprésente dans les deux textes.
Dans l’un, l’auteur nous parle de l’enfant angoissé qui s’absorbe dans la contemplation d’une fenêtre éclairée, celle de la petite Francesca qui habite en face de chez lui avec sa famille joyeuse et aimante. Cela fait partie des « petits bonheurs suggérés, inaccessibles » de celui pour qui « quelques heures plus tard, en pleine nuit », ce sera « l’horreur », « les coups de pied, de poing, de tête, de bague » et le sang tombant sur la bouche d’une étrange poupée de porcelaine qui le voit « fleurir de bleus… haïr et avoir peur ».
Dans l’autre, le poète nous offre aussi une nuit en partage, celle dont le goût et la couleur « fleur de sel piquante sur la langue » donnent une impression d’amère douceur. Une nuit où les souvenirs, même s’ils ont gardé leur « lueur noire » sont « apprivoisés » et les « vibrants secrets « décollés du mur ». Une nuit que la fulgurante image d’un « rapace traverse comme un souvenir » : en référence à De porcelaine, on imagine sans peine les serres de ce souvenir, son bec et la proie déchirée.
Le thème de la nuit induit, paradoxalement ou non, celui du silence, qui est lui aussi partie prenante dans le récit et dans le recueil de poèmes.
De porcelaine commence par le départ en avion du narrateur qui se bouche les oreilles au moment du décollage, en proie à une « angoisse du bruit ». On apprend peu après la violence nocturne du beau-père, l’horreur et la douleur, hurlées par l’enfant qu’a été ce voyageur. Certes, tout cela engendrait jadis les coups d’un voisin contre le mur, mais rien de plus : mère, voisins, instituteur, tout le monde se taisait, y compris le gamin lui-même. « La poupée … mettait un doigt sur sa bouche. »
Partage de la nuit évoque un « silence dans l’écho du soir », qui « en appelle aux grands cris » : ceux de l’enfant ?... L’épure du poème ne le dira jamais franchement. Mais le texte nous parle d’un « oubli veillant sur les mémoires » car le petit garçon en « porcelaine », pour survivre et grandir, n’a-t-il pas dû enfouir le passé en lui, tout en préservant la trace ?
Pourtant, tout gamin qu’il était, il s’était trouvé des complices comme Francesca et sa famille, la bibliothécaire du mercredi ou Jules, SDF devenu gardien de parking. Il s’agissait avec ce dernier de « simplement parler. Être écouté. » Mais leur disait-il ce dont il souffrait vraiment ? Rien n’est moins sûr. Peut-on dire l’indicible ? « Les silences quasi mortels » sont les sceaux des secrets qui vous enfoncent dans « le désir de ne plus vivre, de ne plus être là ». Le poète, lui, nous parle d’un « stylo fantôme » qui « a capuchonné tous mes silences ».
L’enfant martyrisé priait la Vierge, « mais seul le Diable entrait ». Après la violence, venait « le silence… Enfin le silence… ». « J’étais du rêve qui se taisait » confie le narrateur – auteur ? – de De porcelaine. Son « stylo fantôme » écrivait pourtant des petits billets, des SOS, qu’il glissait dans les barreaux creux de son lit. Étaient-ce les premiers pas, balbutiants, dans la friche de sa résilience ?
Le poète du Partage de la nuit, a rêvé, quant à lui, de « partir au large de soi-même avec les oiseaux du matin ». Nous savons désormais que son stylo s’est décapuchonné.